ÉVÉNEMENT SPECTACULAIRE DANS LE DOSSIER PETROCARIBE
- Jean Max Bellerive se dit prêt à s’en remettre à la justice
Tandis que tous les hauts fonctionnaires de l’État haïtien, y compris le président Jovenel Moïse, se multiplient par quatre, dans leur vaine tentative d’éloigner d’eux le procès PetroCaribe exigé à cor et à cri par la grande majorité des citoyens, un seul ex-Premier ministre se détache pour déclarer son intention de s’en remettre «a la justice» de son pays. Une décision qui a dû prendre au dépourvu la majorité des gens, particulièrement ceux de la classe politique. Jean Max Bellerive, ex-premier ministre de René Préval, accusé d’avoir négocié plusieurs contrats dans des conditions irrégulières avec des firmes privées, notamment dominicaines, vient d’annoncer son intention de faire exactement le contraire de ce qu’entendent faire les autres hauts fonctionnaires de l’administration publique haïtienne épinglés dans les deux rapports d’enquête de la Commission éthique et anticorruption du Sénat pilotée tour à tour par les sénateurs Youri Latortue et Évalière Beauplan, puis dans le second rapport d’audit de la Cour supérieure des comptes et du Contentieux administratif (CSC/CA), à savoir se battre du bec et des ongles pour faire échec à ceux et celles qui exigent la tenue du procès PetroCaribe.
Dans une interview qu’il a accordée à l’organe de presse en ligne Gazette Haiti News, interview publiée dans l’édition du 17 juin 2019, M. Bellerive a déclaré qu’il est : «prêt à me présenter devant la justice ».
À la question de savoir si les accusations portées contre lui, dans le rapport, par les juges de la CSC/CA sont vraies et justes, l’ex-chef de gouvernement de Préval a répondu qu’il n’a «aucun droit de m’attaquer au tribunal administratif de mon pays dans les médias ».
Bellerive s’est déclaré «prêt a me présenter devant la justice». Dans l’interview exclusive à Gazette Haiti, l’ancien Premier ministre de Préval souligne que son nom est cité «23 fois dans le rapport et que je prépare ma défense ». Réagissant différemment de Moïse et de ses associés, par rapport au rapport de la CSC/CA, dans la plus grande conspiration pour voler les fonds publics depuis l’indépendance, il continue sur la même lancée. Interrogé sur le bien-fondé des jugements portés dans le document, il déclare sans ambages qu’ il accepte le verdict des juges et qu’il s’offre la chance de plaider son cas devant les tribunaux haïtiens, sans que la moindre idée de défier la CSC/CA ne traverse son esprit.
Les anciens Premiers ministres, ministres, directeurs généraux, ainsi que d’autres hauts fonctionnaires de l’État mis en cause dans l’affaire PetroCaribe, dans le cadre des premières enquêtes menées par les deux sénateurs, en sus du rapport d’audit de la CSC/CA, y compris Jean Max Bellerive, ont tous été accusés d’avoir participé à cette vaste conspiration de corruption et d’escroquerie au détriment de la caisse publique. Certains de ces hommes et femmes ont riposté de manière clandestine en perpétrant des attaques physiques contre les auteurs de rapport, comme c’était le cas, à l’occasion du lancement d’une bombe lacrymogène au Club Triano où les sénateurs Youri Latortue et Antonio Cheramy tenaient un séminaire, sur le Fonds PetroCaribe, à l’intention de plusieurs centaines de jeunes. L’engin avait occasionné la mort du publiciste de l’Orchestre Tropicana, Jacques Dubois, et fait au moins six blessés.
D’autres personnes, accusées de vol et/ou de détournements de ces fonds, ont fait des attaques dans les médias écrits ou à la radio contre les deux sénateurs, en plus de diffuser des histoires fantastiques les concernant. Quant à Laurent Lamothe, il a son chien d’attaque, en la personne d’un journaliste du Cap-Haïtien répondant au nom de Cyrus Sibert. Il s’autoproclame apologiste de Lamothe, présentant des textes toxiques anonymes de défense de l’ancien Premier ministre, car craignant d’être démasqué.
Mais Jean Max Bellerive a décidé de ne pas rejoindre ses collègues politiques sur ce terrain. C’est pourquoi il s’autorise à leur prodiguer de bons conseils. Aussi a-t-il adressé ces paroles à l’adresse de tous ceux qui sont cités dans le rapport d’audit de la CSC/CA : «Le mieux que tous les citoyens ou compagnies indexés puissent faire c’est de se mettre a la disposition de la justice pour se justifier».
Pour la première fois, depuis qu’évolue l’affaire PetroCaribe, l’ancien Premier ministre se déclare solidaire des petrochallengers et de toute cette marée humaine qui descendent dans la rue pour demander la démission de Jovenel Moïse et la tenue du procès PetroCaribe. Aussi M. Bellerive se déclare-t-il «partisan de la lutte pour la reddition de comptes et soutiens la lutte que mène la population».
C’est pourquoi il dit, encore dans la même interview, qu’il se propose de mobiliser ses ressources pour que, dit-il : «avec mon cabinet d’avocats, je travaille sur chacun des reproches ou accusations qui me sont faits, afin d’assurer ma défense».
Et exprimant sa confiance dans le système judiciaire de son pays, il se déclare prêt à assurer sa propre défense.
Jean Max Bellerive n’hésite pas à foncer sur le terrain où il a choisi d’évoluer, dans le cadre du dossier PetroCaribe. D’ores et déjà il contemple le cheminement de celui-ci. C’est pourquoi il dit : «Si je suis reconnu coupable, je paierai pour cela et me libérer de tout cela, et reprendrai ma vie normalement si je suis innocente».
collaboration spéciale : cet article est publié par l’hebdomadaire Haïti-Observateur, édition du 19 juin 2019 No. 25 et se trouve en P.1, 3 à : http://haiti-observateur.info/wp-content/uploads/2019/06/H-O-19-juin-2019.pdf