HAÏTI NOUVELLE LE TEMPS D’ENTAMER LE PROCESSUS DE RÉCONCILIATION NATIONALE par Dan Albertini
Une certaine vision républicaine veut qu’il existe autant de république que d’Haïtiens de naissance et, cela semble-t-il est pour devenir une loi non écrite. Si cela est, il ne serait donc point étonnant de constater des initiatives insolites de protection hasardeuse que prennent les fondateurs de toutes ces républiques, admettons-le, légitimes. C’est un réflexe digne de 1804. Cela signifierait pourtant un point commun dans toutes ces républiques : Haïti. Il y a un fait tout à fait curieux qui s’en suit. Chaque patriote voudrait intégrer les autres millions de républicains dans sa république personnelle. C’est là où l’affaire devient intéressante. Il faudrait tout simplement réconcilier nos républiques tellement dessaliniennes, c’est à dire se réconcilier entre Haïtiens en faveur d’une Haïti nouvelle pour qu’une nation hors de l’ordinaire puisse naître.
Merci d’y croire.
Entendons-nous dès le départ, le mot consensus est souvent utilisé mais il nous faut une réconciliation nationale. Le mot et la pensée font souvent l’objet de vœux pieux. C’est le temps de passer de la parole aux actes : entamer le processus de réconciliation nationale. Ce ne sera pas facile mais pas impossible non plus.
L’hypothèse est vérifiable, nous le verrons après.
C’est en ce sens que nous devons poser les balises dès maintenant.
Pourquoi – Notre souveraineté nationale est amochée et une partie se trouve en gage aux Nations Unies. Le Président Martelly a parlé d’amnistie en faveur de Duvalier et d’Aristide, mais il n’a pas évoqué le nécessité de demander pardon. Le Parlement se retrouve avec une majorité divisée mais pas différente de la minorité des parlementaires de l’exécutif, au moment où il est question d’amender la Constitution. Il y a donc un besoin urgent de mieux axer les visions politiques avec les droits du peuple, dont celui fondamental de se prononcer par référendum sur des notions précises.
L’Histoire nous donne ainsi donc rendez-vous pour nous aligner sur le futur, lequel est déjà entamé. Cela prend donc plus qu’un consensus, c’est le cas de convoquer une véritable réconciliation.
Constatons à cet effet la sociologie haïtienne : de multiples petites chapelles religieuses, politiques, marchandes, de communication, de logement, de borlette, etc. Le même pattern des républiques subdivisées. N’ayons pas peur de le dire, cette sociologie s’explique dans la psychologie. Une puissante volonté de liberté et d’indépendance qui fait face à un dérivé colonialiste : la peur d’être trahi, d’être vendu. Et s’enfermer dans son cocon, dans sa république. Une paranoïa à exorciser individuellement et collectivement, de ce que nous comprenons par les effets post traumatique croissants du Code noir.
Qui devrait s’en charger d’abord – La question est réellement difficile quand nous partons d’une conjoncture politique assez chargée. Le Président hérite d’un véritable cafouillage politique, il est inexpérimenté mais serait de bonne volonté. Le Parlement se voit d’une majorité sans boussole. Le peuple est sous des tentes dans la rue depuis ce terrible tremblement de terre et dépourvu de moyen de s’exercer en politique rentable. Tous les jeunes Haïtiens ne fréquentent pas systématiquement l’école. La MINUSTAH est encore au pays, sans plan de sortie. Et, passons, car la liste est impressionnante.
Si nous partons de l’hypothèse suivante : le pire a pu être évité, le meilleur est donc possible.
Pire, oh que si ! L’impensable est arrivé, Duvalier et Aristide sur le même terrain, en même temps, en temps d’élections présidentielles malgré l’ingérence étrangère constatée. Nous avions écris dans Haïti 2001-2010 Reconstruction d’après Nous, que cela était une nécessité onusienne de la diplomatie, car l’hypothèse de cet ouvrage avait la vertu d’éprouver LA RÉPUBLIQUE. Nous y avions personnellement cru, quand d’autres craignaient »folie ». La probabilité devient donc très élevée, les républiques peuvent donc se réconcilier, les Haïtiens aussi.
C’est la charge de tout un chacun, merci d’y croire.
Comment outiller – La MINUSTAH doit partir et au plus vite. Si les Nations Unies ne sont pas pour accorder à Haïti, la construction d’une base école internationale permanente, de formation militaire au standard onusien, ce que nous avions évoqué dans le même ouvrage sur Haïti, c’est que l’Organisation ne croie dans la pédagogie de ses missions de stabilisation. Considérons à ce titre la participation de soldats venant de pays non démocratiques, tout en tenant compte des déclarations de Guéhenno. Nous sommes persuadés que l’exercice sera rentable si les Nations Unies s’y mettent. Mais, il sera encore plus rentable dans le cas contraire, de pousser nos frontières de tolérance encore plus loin qu’une simple exposition Duvalier-Aristide dans les parvis de l’amnistie.
Nous avons le statut même d’un membre fondateur des Nations Unies, merci de le respecter.
Le Président a parlé de la création du FNE (Fonds National pour l’Éducation) mais oublie le FNAE (Fonds National pour l’Agriculture et l’Élevage), le FNT (Fonds National pour le Transport) et le FNA (Fonds National pour les Arts). Ce sont quatre axes incontournables. Nous en avons d’ailleurs parlé dans l’ouvrage précité et, ceci fera l’objet de spécificité dans un autre ouvrage à venir. C’est un impératif qui doit dépasser la petite déclaration de principe ou la petite erreur stratégique en ce qui a trait à la législation. Cet empressement du président est un bon signe de préférence qui démontre qu’il est concerné. Son action fait dans la recherche d’un leadership national positif. Le Parlement devrait saisir la balle au vol est lui suggérer des pistes constitutionnelles rentables, lui réclamer la création des autres fonds, ce qui a pour impératif la formation sans délai d’un gouvernement. Car cette notion abandonnée, nous risquons de glisser vers une autre dérive catastrophique évitable. Il faut accorder la chance au coureur et mettre tout le monde à l’épreuve.
C’est d’ailleurs le profil du vote populaire qui a évité de mettre tous ses œufs dans un seul panier. C’est aussi un élément majeur de réconciliation qui offre un standard loyal à tous. Il faut donc réconcilier les extrêmes.
Ces quatre axes sont des grands luminaires (une autre notion de notre ouvrage publié en 2010).
La Communauté Haïtienne Internationale doit être mise rapidement en garantie et à l’épreuve. L’État a besoin d’élaborer de meilleures propositions que la formule brute de la présidence, car le secteur privé haïtien n’est nullement plus expérimenté, et hors de tout soupçon. Les Fonds ne peuvent être disproportionnels ni éparpillés ou féodalisés. Les fonds de participation sont nécessaires pour la reconstruction souveraine de notre société, la proportion doit s’établir sur le principe de la responsabilité et sur celui de la croissance et de l’implémentation. Ils doivent être harmonisés dans la complémentarité car les besoins sont parallèles. Ils doivent s’alimenter par des obligations de l’intérieur comme de l’extérieur. La pénalité du 1.50$ US imputée au receveur doit tout aussi se justifier par un mécanisme qui collecte en même temps chez la classe possédante et industrielle. Des bons du trésor devront être le principe repaire de tout citoyen de la Communauté Haïtienne Internationale qui voudrait y investir pour l’avenir. L’État doit offrir des garanties sérieuses pour que nos économistes changent de canevas (charité versus richesse).
Le Parlement doit remplir son rôle effectif et endosser ses responsabilités en tant qu’institution. La voix d’un baron ne peut plus faire la loi, la Justice de ce pays en dépend grandement.
Il doit être un catalyseur à la fin de l’exercice de discours politiques, c’est sa partition.
Les municipalités doivent récupérer le pouvoir de réglementation dans le but d’attirer et de concilier citoyens et entreprises, afin de rehausser les standards qui sont asymétriques.
La réconciliation est plus qu’un besoin hypothétique
Le besoin est fondamental. L’économie du droit pèse de tout son poids à ce stade. La République ne possède pas tous les instruments pour gérer certains dossiers dans la sérénité. L’offre de Navi Pillay (UN-OHCHR) démontre sérieusement notre faiblesse nationale. La MINUSTAH l’illustrait déjà bien avant. Si nous sommes en faveur d’une certaine amnistie, car nous avions souvent parlé de la nécessité d’un moratoire de vingt ans, les balises doivent être claires. Le pardon doit idéalement être accessible à celui qui en fait la demande formelle en reconnaissant ses torts, pour contribuer meilleur. Mais, non sur une notion de partisannerie politique ou de marronnage dans la gestion politique.
Un principe de jurisprudence veut qu’on ne laisse seul un prédateur en poste de responsabilité avec des victimes potentielles.
Haïti ne peut tout simplement pas parler de coopération externe avec des pays au passé colonialiste, sans cette réconciliation nationale car ce serait insulter l’esprit même de1804. Ce serait piétiner le sacrifice de nos pères qui nous ont voulu libres et indépendants. Ce serait trahir nos enfants en leur enlevant cet héritage sacré. Nous avons besoin de nous réconcilier avec notre passé, soit la bataille d’un peuple pour ériger une nation pour le bonheur des siens.
Haïti a révoqué le Génie du Code noir jusqu’en Afrique, il nous faut donc passer à une autre étape.
Si Duvalier à ce titre, commençait par demander pardon, l’état économiserait, grandirait. Merci d’y croire ! DocHait/15-06-2011
S’offrir les clés du symbole de la réconciliation ; le puissant exemple de Nelson Mandela qui doit nous inspirer ; temps d’entamer le processus de réconciliation nationale le travail de tout un chacun ; Fonds National pour l’Éducation un pas dans la bonne direction mais, il nous faut aller plus loin…
http://reseauhem-archives.xyz/dochait_le_temps_d_entamer_le_processus_de_reconciliation.htm