CHANTAL LAURENT OU LE DOSSIER SURPRISE DES ÉLECTIONS EN HAÏTI par Dan Albertini
Si le terme n’est ronflant ni électoraliste, l’aménagement territorial est un dossier qui semble-t-il, aurait déjà provoqué une évasion de la responsabilité politique à un très haut niveau. Cette contagion aurait atteint en terme électoraliste, moult candidats à la présidence. Chantal Laurent fait fuir des candidats en liste, alors qu’on parle de reconstruction. Elle a offert toute une surprise à Genève, en s’étalant sur : déconcentration et décentralisation.
Les candidatures définitives sont de l’ordre de 19, les visions et la raison ne font pas nécessairement bon ménage pour un pays qui devra se réveiller tôt ou tard. Les candidats jouent encore avec les mots mais n’offrent guère mieux pour la résolution des maux. Chantal Laurent, technocrate de haut niveau au standard international, a livré le 23 septembre dernier à Genève, le tendon d’Achille de toute la meute de prétendants. L’aménagement territorial, déconcentration et décentralisation. La constitution est claire là-dessus, mais on lui aurait déjà dit dans le passé, qu’il n’y a pas de centre donc, on ne peut décentraliser. Pire, l’aménagement du territoire serait trop compliqué, mieux vaut des routes sans comprendre. Et la catastrophe arriva sans procès.
Chantal Laurent n’était pas attendue, mais débarque dans l’arène et lance un défi. Un sérieux défi. La première flèche toucherait le candidat INITE qui, de sa direction à la CNE, aurait saccagé le territoire. Un ingénieur mécanique qui construisait des routes au nom du Président de la République. Le contenu offert comme présentation du candidat Jude Célestin (sur Facebook), serait tellement en concordance aux manquements démontrés par cette femme qui aime tant les Abricots et Jacmel, que cela fait trembler les communicateurs des candidats en campagne. Une campagne électorale qui n’a à ce jour apporté son jus. Les candidats jouent au marronnage pour fuir cette nouvelle demande comprise et assimilée par le maire des Abricots dit-elle. Elle s’est installée au Palais des Nations après le tremblement de terre du 12 janvier, mais, tel un courant d’eau qui semblait dormir, Chantal Laurent préparait la véritable onde de choc qui risque de bouleverser même les plans de l’influent Bill Jefferson Clinton pour Haïti. Le comité coprésidé par Bellerive-Clinton risque de l’avoir dans les pattes pour longtemps, avec le plan à la hâte, imposé pour la reconstruction matérielle de la capitale.
Chantal Laurent est arrivée aux Nations Unies à Genève, après une série d’expériences au sein des Nations Unies à Bagdad, en Afrique…, etc. Son exposé à Genève est en soi un défi lancé à tous les candidats. Pourquoi maintenant ? Manigat, Voltaire, Martelly et Célestin, refusent tous ce débat ouvert.
Chantal Laurent, les Nations Unies et les Abricots, pour le meilleur et pour le pire
Que vient donc faire les Abricots aux Nations Unies, telle une ville reculée d’un pays dit-on reculé ? Que va donc faire les Nations Unies aux Abricots, quand on sait que la République de Port-au-Prince l’a reculée dans la pensée nationale ? Le lien est loin d’être évident si l’on part d’un point d’un vue de port d’embarcation et d’un port de débarquement. C’est d’ailleurs un fruit du pays que l’on ne retrouve pas dans la flore onusienne ici à Genève. Une curieuse découverte nous attend aux Abricots que Chantal Laurent a installé en plein Palais des Nations. Il y réside un maire intellectuel, un plan de décentralisation bloqué et un aménagement du territoire à réaliser. Urgence : Jean-Claude Fignolé.
Si vous rencontrez Chantal Laurent dans les couloirs du Palais des Nations, vous serez surpris de savoir qui est cette femme, qui draine toute une histoire derrière elle. Française d’un français perfectionniste, Italienne d’une Rome ensoleillée, Américaine de la loi du sol, Juive par la maternité, mais surtout Haïtienne de la pointe Sud du Pays, avec une passion pour les Abricots. À savoir si c’est le nom du fruit du pays ou la présence du maire intellectuel qui épate cette femme d’une grande culture, vous aurez le temps de renter par accident, dans son univers de l’aménagement du territoire comme concept, pour ne plus en sortir. Une histoire d’Haïti s’y trouve, un grand défi pour l’ONU aux pas engourdis. Boff je me suis dit tout de suite, Mulet n’est pas le personnage indiqué pour Haïti qui sombre dans la dépendance d’une diplomatie militaire multilatérale inutile. Chantal Laurent détient dans son cahier de charge, la clé de la solution à court moyen et long terme pour ce pays.
Architecte de formation, professeure dans sa carrière, gestionnaire de cadre supérieur, mais une femme d’un humaniste insoupçonné. Elle a vécu en direct le tremblement de terre du 12 janvier dernier en Haïti. Les liens sont profonds, les émotions du pays aussi. Elle a présenté en 2005 à la faculté des sciences de Port-au-Prince, un plan d’aménagement territorial qui aurait pris le chemin de la présidence pour se diluer dans l’oubli de l’inconscience d’un président malade de béton monstrueux comme axe de développement. Le mot architecture aurait perdu toute sa valeur pour avoir rencontré cette présidence qui a carrément ignoré les Abricots du maire Fignolé. Le maire est trop instruit, pour nourrir une nouvelle école politique décentralisée, quand Port-au-Prince s’érige en république gangrénée par la corruption de la centralisation constitutionnelle. Chantal Laurent finira par en rire dans son récit car le premier ministre lui-même refuse le concept de la décentralisation, il n’y aurait pas de centre d’après lui. Les jardins et les cèdres du Palais des Nations en sont témoins. La pose café de Chantal Laurent consiste aussi à réaliser une promenade pédestre. Après le banc des soupirs, la politique française ne tiendra pas le bout, les Abricots prendront la relève. Dochait/30-09-2010