La République d’Haïti serait-elle une nouvelle poudrière pour le monde

La République d’Haïti serait-elle une nouvelle poudrière pour le monde? par Dan Albertini éditorial

Dans un soucis de transparence, madame Jessie C. Coicou porte parole de la police nationale déclare publiquement que le nombre de policiers tombés depuis la chute de l’ancienne administration politique s’élèverait à 21 décès. Elle nous fait grâce du nombre de chimères ou autres, tombés dans l’autre camp, le nombre serait-il trop élevé pour être cité ou peut cela ne fait-il pas parti du jeu de la transparence? …Les remarques sont timides, cela devrait pourtant alarmer les défenseurs de droits humains, surtout après les récentes déclarations à la télé du premier ministre Latortue: « yo tiré sou nou, nou tiré sou yo tou » (anniversaire du 30 septembre). ….e ministre de la justice annonce que l’embargo sur la vente d’Armes à Haïti a été levé et des commandes ont déjà été placées.

Le premier ministre Latortue selon toute apparence aurait perdu le contrôle ou tout simplement ne l’aurait jamais eu sur les évènements en Haïti. Faute de résultats probants, il s’investit dans de nouvelles accusations contre le président déchu et, s’accaparant du rôle du président Boniface, il plonge la République dans un autre conflit international, cette fois-ci avec l’Afrique du Sud. Après les erreurs commises au début avec la CARICOM, celui que l’ancien ministre de la justice Théodore Achille – éditeur de Plume et Encre – surnomme l’intelligence à l’épreuve, est voué à l’échec et semble de plus en plus nerveux face à la probabilité de voir Bush partir de la maison blanche. Il nous faut rappeler là-dessus que le premier ministre Latortue, lors d’une conférence de presse à Guadalajara au Mexique (III Congrès Latino et Caraïbes – union Européenne, le 28 mai 2004) s’était commis en voulant protéger l’actuelle administration américaine – dans le domaine du désarmement en Haïti – en pleine période électorale, dévoilant ainsi son appartenance à la logique vorace républicaine. Cependant, plus la misère sévit, plus Haïti devient incontrôlable et, même dangereux pour l’international. À ce titre, l’administration Bush n’avait pas hésité à mettre en garde les dirigeants haïtiens, menaçant de déclarer le pays: État criminel! Le baron des Gonaïves aurait tout simplement conduit le pays plus près de l’état poudrier.

Les chances deviennent de plus en plus minces pour un Latortue, arrivé comme un puissant baron de province avec des formules toutes faites, dont l’ambition serait peut-être d’être classé nobélisable pour la prochaine édition, par ses exploits en Haïti. Si Latortue désespéré, ce qui le rapproche plus de son administration tutélaire, soit une fin de mandat désastreuse pour le gouvernement Bush, fait appel à sa nouvelle découverte, en l’occurrence le dernier élu du partenaire canadien, il aurait mal compris la différence du vocable qui les diffère, soit minoritaire, probablement éphémère dans un contexte démocratique et, transitoire donc assurément éphémère dans le contexte poudrier haïtien. C’est ainsi que la panique monopolise la pensée chez le premier ministre qui, conscient de l’intérêt de Kerry pour la communauté haïtienne de la Floride et, allant jusqu’à s’exprimer en Français avec des citoyens quand on sait que la majorité serait lavalassienne, donc ne gouverne plus, mais augmente encore l’écart qui sépare les rives de la réconciliation. Pire que la division du royaume du Nord de Christophe dans le temps ou de la séparation des républiques centrale, méridionale et septentrionale autrement dit: l’effet Salnave – 1867-1869 -, la république de Port-au-Prince se démontre ingouvernable. Ceci, sans évoquer les casernes de Miragoâne, les incidents de Petit-Goâves ou les scélérats armés de l’Est, c’est la nouvelle pagaille caraïbéenne. Si Jamaïque avait connu sa période Manley-Seaga, période vampirique, Haïti aurait dépassé et de loin, cet ancien creuset d’instabilité des Caraïbes au point où les vertus du grand gestionnaire Latortue seraient avalées par l’image d’un piètre pseudo politicien tout court. Il se cherche dorénavant une planche de salut !

Nous pensons que, malgré notre désaccord sur la manière cavalière de l’exil, personne de sensé ne pourrait souhaiter le retour de Aristide comme président. Il avait su démontrer son incapacité à diriger le pays vers le progrès et à gérer les affaires de l’état. Nous pouvons dire aujourd’hui par contre, en référence aux autres déchus: quand un gouvernement n’arrive pas à garantir la sécurité des vies et des biens, il se doit de démissionner. Cette logique  – ère du discours du prélat G. Midy, symposium 87 sur la constitution – a eu raison du gouvernement Aristide-Neptune. Elle en vaut bien plus pour celui du Baron des Gonaïves. Latortue démontre ouvertement, une connivence vicieuse avec les anciens militaires lourdement armés, corroborant la thèse de sa politique de reconduction subtile de l’armée, forte de barbares. De plus, son acharnement à criminaliser tous les lavalassiens au même titre que les bandes de malfrats, Latortue aurait peut-être oublié que son frère Paul Latortue – directeur de l’UCG – était un membre influent des gouvernements Aristide et Préval, ou son frère serait-il le seul vertueux des lavalassiens ? A-t-il été interpellé comme les autres? Histoire de famille. Quand on observe la partialité de Boniface ou peut-être son caractère résigné ou vaincu par rapport à l’arrogance de Latortue, il y a lieu de s’interroger sur son parcours de juge en chef de la cour de cassation et de douter des garanties démocratiques pour les prochaines élections. Ceci nous porte à croire aussi que l’ancien ministre des affaires étrangères de Mannigat – pseudo école politique – aurait, soit la mémoire courte en relation avec le caporalisme de ces anciens militaires précités, soit alimenter une politique de deux poids, deux mesures. Il ne fait qu’amplifier la décadence de la morale et du civisme déjà anesthésiés par l’ancienne administration amorale de Aristide.

Décapiter la démocratie après qu’elle aie été zombifiée ne saurait être nullement un acquis pour la paix. Les stigmates étaient trop profondes. Latortue aurait tout simplement oublié dans son empressement à vouloir diriger le pays – tractations 2003 à Miami -, que le numérique ne se rapporte jamais au symbolique quand il s’agit de déplacer les troupes onusiennes à travers le monde. Aristide avant lui, avait goûté au syndrome du Rwanda et du Kossovo. Si notre lecture s’avèrerait réaliste, la République d’Haïti serait tout simplement devenue une nouvelle poudrière pour le monde. CHI – 19-10-04


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