C’est au Mali que Dany jettera l’encre dans cette Afrique subsaharienne. Aussitôt de retour au Québec, il repart pour la Suède et encore d’autres destinations l’attendent. Toutes des destinations de festival littéraire. Le jeune journaliste de la revue haïtienne Le Petit Samedi Soir est devenu un globe trotter, après son école québécoise. Parmi les meilleurs vendeurs en format de poche à Paris, l’auteur s’installe de nouveau au Québec devenu son alma mater. Cette terre de liberté totale, de dynamisme et de performance à offert à l’auteur de Comment Faire l’Amour avec un Nègre Sans se Fatiguer, une dimension qu’il ne soupçonnait guère. Tout comme pour son écriture, le Québec lui a donné l’œil européen mais un flair Nord Américain. C’est ainsi que Dany voit venir les choses. Il n’a peur que de lui-même. Il a l’assurance tant convoitée par les intellectuels haïtiens. Un débatteur armé pour toutes les tribunes ou presque toutes et garder la tête haute. Interrogeant passé, présent et avenir. Mais il a plus encore, il produit à la manière nord américaine, ce que ces mêmes intellectuels n’oseraient rêver. Plutôt bornés dans leur vision. Dany s’aligne de plus en plus, parmi les écrivains les érudits. Noir, sans être exclusif, il côtoie les autres sans les petites manies du Noir. Citoyen du monde tout en étant spécifiquement Haïtien, il ne se rejette ni se surenchère sous le prétexte d’une indépendance glorieuse. Il se forge et porte son message partout où il va. L’Afrique d’aujourd’hui aurait tout intérêt à s’en inspirer, se rebâtir et s’en souvenir … , de lui.
Son message, tout simplement liberté en grande lettre. S’il est foncièrement contre l’injustice son combat est loin des traditionnelles tribunes politiques qui n’apportent que déviation et désespoir. C’est à travers les arts et la culture qu’il forge ses armes et c’est en parfaite symbiose avec la femme qu’il les fourbit. Si Femme et culture font un dans son discours, c’est aussi vrai dans sa vie. Il faudrait le surprendre pour le comprendre. S’il se dit paresseux, il tient par contre sa combativité, sa ténacité du modèle féminin. Ailleurs comme ici au Québec. Mais si l’on remonte le parcours du courant Dany Laferrière, un élément, un seul élément se trouve en amont: l’imaginaire. C’est un homme lucide qui vit de l’imaginaire pour se transporter sur de grandes eaux inaccessibles et transformer ses rêves en réalité, là où les critiques n’osent plus pénétrer, de peur de ne plus en sortir. C’est aussi ce qui fait de ses petites histoires d’enfance et de jeunesse, des éléments imprévisibles tantôt dans le vrai, tantôt dans le faux. Il ne travestit pas la vérité, Dany la maquille et se protège avec la vertu du naturel. Comme dans un coup de poker, il a tout misé au début, a gagné et, depuis lors, ne joue plus mais nous laisse l’illusion du jeu. Aujourd’hui, il nous invite à jouer dans son imaginaire et, on en ressort plus. Son dada n’est pas le suspens, mais comme dans la magie, c’est l’éclat. Et, dans ce domaine là Dany est passé maître. (archives/03-02-03)